« Je regarde la pampa défiler par la fenêtre d’un train.
Je suis un passager qui s’efforce de ne pas dérailler.
Soudain,
au-dessus de cette plaine qui semble infinie, une nuée d’oiseaux attire mon
attention. L’instant d’après, les oiseaux forment une file, se dirigent vers le
soleil et plongent dans sa lumière. Juste pour faire partie de la beauté
fulgurante de cette vision, j’aimerais être parmi eux à cet instant précis, loin,
très loin des ombres qui hantent mes pensées.
Même si
le soleil brille, des nuages s’amoncellent dans le bleu dense du ciel. On
dirait des reflets purifiés des amas de terre grisâtre qui s’étendent jusqu’à
l’horizon. Dans cette étendue en apparence désertique, surgissent pourtant des
touffes d'herbe d'une verdeur surprenante.
Des
chevaux blancs, bruns et noirs apparaissent ici et là, détendus. On ne saurait
dire s’ils font partie d’élevages ou s’ils vivent à l’état sauvage.
Rien ne
semble délimiter ce vaste territoire chargé d’énergie tellurique.
Aucune
clôture.
Aucune
affiche.
Je sors
mon caméscope pour capter ce paysage fuyant, sur lequel je ne peux toutefois
projeter tout ce qui me passe par la tête en même temps : les souvenirs de
Buenos Aires, encore brûlants, et les réflexions sur mon séjour dans cette
ville. À l’opposé, je ne pourrais non plus, même si je tentais de tout oublier
en plongeant mon regard dans le décor en mouvement par la fenêtre, effacer de
ma mémoire les images et les pensées chargées de questions qui me poursuivent
au rythme du train.
Je me
sens tatoué de l’intérieur, au son d’un tango aussi doux que déchirant. »
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